
Combien seront-ils cette année, ces Héros libérateurs, à venir commémorer le 70ème anniversaire du Débarquement ?
Comment nous souviendrons-nous d’eux dans les années à venir ? Les plus jeunes générations se souviendront-elles de ces Héros ?
Ce sont là quelques questions de fond essentielles pour notre avenir.
La France avait entrepris en 2008 une réflexion sur ces questions avec la commission Kaspi sur la modernisation des commémorations ou bien le rapport Becker qui avait pour sa part planché sur le 90ème anniversaire de la fin de la première guerre mondiale et qui déboucha en 2012 à la création de la mission sur le centenaire de la Grande Guerre présidée par l'ancien Chef d'Etat-Major de l'Armée de Terre, le Général Elrick Irastorza.
Si les pouvoirs publics ont certes l’obligation de mettre en place une politique ambitieuse et réalisable en faveur de la transmission de la mémoire - notamment le Secrétariat d’Etat aux Anciens combattants (Office national des Anciens combattants, Direction Mémoire Patrimoine et Archives) ou l’Education nationale - ils ne seraient être les seuls s'emparer de cette réflexion. Il s’agit là d’une responsabilité collective. Une responsabilité de chaque Français.

Les associations patriotiques, de réserves ou gravitant autour du lien Armées-Nation ont un rôle essentiel à jouer aux côtés des pouvoirs publics afin de participer activement et concrètement à la transmission du Flambeau, afin d’imaginer des actions innovantes permettant d’intéresser et de sensibiliser les plus jeunes générations. Elles doivent ainsi apprendre davantage à travailler les unes avec les autres, éviter les querelles stériles de clochers, ouvrir leurs bureaux et conseils d'administration aux jeunes. Car il faut aller chercher les jeunes là où ils sont et non plus de se contenter de les attendre, résignés, en disant "ah, les jeunes, ils ne s'intéressent à rien". Ce qui est faux. Encore faut-il les intéresser. A d’autres temps, d’autres moyens, d’autres stratégies.
A l’heure où nos Anciens disparaissent chaque année un peu plus et que l'on voit l'émergence de certains déserts militaires sur notre territoire (notamment dans des régions militaires historiques comme la Lorraine) du fait de la réforme militaire décidée en 2008, c’est donc à l’ensemble des acteurs touchant à la mémoire et au lien Armées-Nation (état, collectivités, associations,) que revient l’ardente obligation d’imaginer ce que sera la transmission de la mémoire de demain : celle d’une mémoire à la fois nationale et partagée. Partagée au sens où elle permet à notre pays et à nos Alliés ou à nos adversaires d’hier de se rapprocher afin de transmettre ensemble aux jeunes générations le sens des valeurs de paix et d’entente. La France et l’Allemagne avaient ainsi pu dès 2004 être à l’avant-garde de ce concept en réalisant le premier manuel d’histoire bilatéral destiné aux lycées français et allemands.
Ne pas avoir cette ambition serait trahir ces Héros, toutes celles et tous ceux qui se sont battus, à travers les différents conflits contemporains qu’a connus notre pays (Première Guerre mondiale, Deuxième Guerre mondiale, Indochine, Algérie), pour notre Liberté et/ou pour les Droits de l'Homme.
Paul Valéry disait que la mémoire est l'avenir du passé. C’est assurément à travers l’ambition d’une nouvelle politique dédiée à la mémoire combattante et à une nouvelle appropriation de nos jeunes d’aujourd’hui et demain de notre, de leur mémoire nationale que pourra se développer une mémoire nouvelle, la mémoire du futur. Car un peuple sans mémoire ne serait-il pas quelque part un peuple sans avenir ?
La transmission de ce Flambeau aux plus jeunes générations, selon le titre de la pièce de théâtre de Charles de Gaulle, est ainsi plus que jamais nécessaire. C’est notre devoir collectif, 70 ans après la Débarquement qui a permis, faut-il le rappeler, d’en finir le 8 mai 1945 avec la barbarie nazie, avec le régime collaborationniste de Vichy.
Le Général de Gaulle disait « quoiqu’il arrive la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». 70 ans après ce Débarquement allié, quoiqu’il arrive la transmission de la mémoire française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.